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Presse
Huguette Dreikaus à l’« Altersheim »

L’« Alzheimémère » la plus connue, la plus loquace et la plus cinglante d’Alsace poursuit ses observations de la société dans son nouveau spectacle interprété à l’Illiade .
Si le propos d’Huguette Dreikaus voudrait que le temps ait une prise sur chacun d’entre nous, il la laisse apparemment inchangée. Ou plutôt la nourrit. Dentiers, liftings, implants, excursions en bus pour veuves, habitat « octet » pour les plus de 80 ans... autant de nouveaux sujets à décliner dans sa verve habituelle. Mais le tout en alsacien cette fois, avec quelques expressions en français, à l’inverse de ses apparitions devant des publics moins grisonnants. A l’Illiade côté cour, complète, Huguette faisait bel et bien « une conférence dans un Altersheim ».
Commence une description en bonne et due forme de l’état de vieillesse, ses causes et ses conséquences : « Selon qu’on est riche ou pas, on a plus ou moins de dents dans la bouche ». « Les jeunes cèdent leur place dans le bus mais moi je veux aussi rester debout ! Même que je vais exprès en ville le matin à 8h pour être compressée par des lycéens Ich wor garn getreckt ! » ou « Mme veuve Bertrand Ott est morte, alors qu’elle s’appelait Julie. C’est comme quand on tue une vache et qu’on vend du boeuf. » D’estocades verbales en mimiques gestuelles, la mémère touche au coeur de la cible. Toujours de noir vêtue, tantôt elle enfile un survêt’ blanc pathétique, tantôt se couvre d’un fichu de deuil simulé. Quand, de son pas mécanique, elle entame une danse des canards avant de diagnostiquer « un canard-elbow », la salle pouffe de rire. « Dix ans de médecine pour me sortir que j’ai une immobilité passagère latérale gauche ! Alors qu’avec mon musicologue, on a fait le test du kazatchok ou detl-lotler. » Sans se départir de son masque sérieux, son regard impassible et son alsacien additionné de convaincants « verdeckel », « du dole », et autres termes non moins imagés, l’ancienne prof d’allemand se laisse aussi aller à la chansonnette. De l’impeccable « Heimatland » aux imitations grossières de Julio Iglesias, Johnny ou Françoise Hardy, les tubes rétro des sixties restent gravés dans la mémoire de l’Alzheimémère. Il est vrai que certains souvenirs ne s’effacent jamais, et Huguette Dreikaus voudrait en être dans la mémoire collective.